La libération de Mozart
25.07.2025 , vendredi
Dans le contexte d'aujourd'hui marqué par la primauté de l'expression personnelle, on en vient à oublier que durant des siècles la création de musique était tributaire quasi exclusivement de commandes extérieures (princières, ecclésiastiques…) Se lancer dans l'écriture «sans filet» comme il le fait en 1785 avec son 20e Concerto pour piano, a dû résonner comme une véritable «libération» pour Mozart, avec comme lumineux corolaire pour l'auditeur la révélation d'une musique plus «vraie» que jamais, semblable – en particulier dans la tendre Romance – à une confidence sans filtre au creux de l'oreille. Sans s'abandonner à de pareils épanchements, les symphonies «londoniennes» de Joseph Haydn témoignent, elles aussi, de cette fin de 18e siècle qui, porté par l'esprit des Lumières, tend à affranchir les esprits de leurs chaînes, à libérer l'inspiration. Ecrite au moment de rompre les derniers liens avec ses employeurs «historiques» – les princes Esterházy –, la Symphonie «Oxford» est créée lors du premier voyage outre-Manche, à l'occasion de la cérémonie qui le voit fait docteur honoris causa de la plus prestigieuse des universités britanniques.