Concert d'ouverture – Les aspirations de Schubert

Voilà plus d'une demi-siècle que Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale de Gand portent la musique chorale à son plus haut niveau de perfection. Qui mieux qu'eux pour ouvrir un été festivalier placé sous le signe de la transcendance, du dépassement de soi – cette quête d'absolu, de perfection qui anime celles et ceux qui ont choisi de dédier leur vie à créer et à transmettre l'harmonie, la beauté, l'émotion? Et qui mieux que Schubert pour animer cet engagement, lui qui d'un bout à l'autre de sa courte mais si intense existence n'a eu de cesse de magnifier les formes transmises par ses aînés: ces messes où il s'affirme comme le digne héritier des maîtres classiques Haydn et Mozart; ces symphonies dans lesquelles, sans s'éloigner complètement du carcan formel développé au cours du 18e siècle, il lâche les chevaux de l'expression et annonce la grande tempête du romantisme. L'«Inachevée» en est un lumineux exemple, à plus d'un titre: le contraste entre un premier mouvement ombrageux et un second d'une clarté céleste; le processus créatif en lui-même, qui voit le compositeur renoncer à poursuivre son œuvre dès lors qu'il n'est pas parvenu – ô irrésistible soif de perfection! – à l'achever d'une seule traite.